La puberté : un passage délicat de l’enfant à l’adulte

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La puberté est de plus en plus précoce de nos jours, car le corps se développe plus rapidement qu’il y a quelques décennies. Sur le plan biologique, on constate que les filles ont leurs règles plus tôt. De même, l’attirance pour l’autre sexe émerge parfois plus tôt. Alors qu’au début du XXe siècle l’âge de la puberté était d’environ 13 ans pour les filles et 15 ans pour les garçons, elle se situe aujourd’hui autour de 11-12 ans pour les filles et 13-14 ans pour les garçons.

La puberté se caractérise, entre autres, par la transformation de votre corps (fesses, seins, musculature, poils pubiens). Vous quittez votre corps d’enfant pour celui d’adulte. Ce processus amène souvent à des situations de crise qui visent à mettre en place un mode de fonctionnement dans lequel le corps et la sexualité naissante seront intégrés progressivement. Cependant, c’est à ce moment-là que vous êtes le plus fragile et donc susceptible d’adopter des comportements pathologiques (anorexie, boulimie, violence, consommation de drogue…) qui vont être un moyen d’échapper aux difficultés.

La boulimie n’est pas née de la dernière pluie

La boulimie est connue depuis l’Antiquité grecque. Elle portait le nom de cynorexie (« faim canine ») et se caractérisait par une hyperphagie (manger en quantité trop importante) impulsive, suivie de vomissements. On retrouve des descriptions de boulimie dans les dictionnaires médicaux du début du XVIIIe siècle. Mais à cette époque, de nombreux médecins pensaient que cette maladie était due à un dysfonctionnement digestif et préconisaient des régimes particuliers et des opiacés (médicaments à base d’opium qui ont les mêmes effets que l’opium utilisé comme drogue) pour calmer la faim. Or il ne s’agit pas de faim, mais d’un besoin irrépressible de se nourrir.

La puberté et le rapport au corps

La puberté est la période au cours de laquelle votre corps va le plus changer, ce qui fait souvent naître en vous une image négative de vous-même. 20,7% des adolescents s’estiment trop gros alors que 11,3% se jugent plutôt maigres et 42,2% souhaitent perdre du poids. Ce sont les filles qui se trouvent le plus souvent grosses et la moitié d’entre elles dit avoir peur de grossir du fait des modifications de leur corps. Le sentiment d’insatisfaction par rapport au corps décroît rapidement pour les garçons alors que, pour les filles, il s’intensifie vers l’âge de 14 ans. La peur de prendre du poids est constante chez les filles. Vous avez beau mesurer 1,65 m, peser 50 kg, faire l’objet de nombreux compliments, vous entamez dès la puberté des régimes Yo-Yo pour perdre ce que vous percevez comme un trop-plein de graisse. Ce sont pourtant vos formes de femme qui se dessinent, et non des amas disgracieux.

La puberté, c’est construire son identité

Quand vous étiez enfant, les premières personnes auxquelles vous vous êtes identifié sont vos parents. En vous appuyant sur leur image, vous avez construit votre propre identité. Adolescent, vous grandissez à la recherche d’une plus grande autonomie, à tâtons, en quête de vous-même. Pour vous, être grand signifie être autonome. Vous tentez de vous assumer seul, de faire face aux difficultés. Quand la recherche d’identité est difficile, vous risquez de vous enfermer dans votre univers, sans ressentir la nécessité de trouver un confident. Au contraire, vous fuyez même les relations avec les autres. Tout semble se passer comme si, face à tous les changements qui s’effectuent dans votre vie, vous ne trouviez plus la bonne direction ni les mots adéquats. Vous avez l’impression que vos parents ne comprennent pas ce qui vous arrive et vous vous sentez très différent d’eux. Plus vous êtes proche d’eux, plus vous essayez de les fuir car la dépendance vous angoisse, comme si elle vous empêchait de devenir vous-même. Pourtant, en même temps, paradoxalement, vous vous assurez l’attention maximale de vos parents en mettant en place des comportements extrêmes, dont les troubles alimentaires. Le fait d’intérioriser vos désirs, vos colères, sans que personne ne puisse sentir votre détresse, fait de vous une véritable Cocotte-Minute qui peut exploser d’un moment à l’autre. La boulimie peut ainsi être le résultat de l’explosion qui vient rompre le silence d’une quête d’identité bien solitaire.


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