Gélules, boissons et barres énergétiques, gels « coup de fouet »… en matière de nutrition sportive, l’offre est aujourd’hui pléthorique. À prendre avant, pendant ou même après l’effort, les compléments alimentaires et produits diététique du sport entendent optimiser vos performances, que vous soyez sportif amateur ou professionnel. Mais sont-ils véritablement efficaces ? Ont-ils seulement un intérêt ? Eléments de réponse.
« Toutes les enquêtes conduites depuis trente ans concluent qu’une partie importante de la population française ne parvient pas à recevoir des doses adéquates de vitamines et de minéraux. Autrement dit, une bonne alimentation, ne suffit pas. » Tel est le constat généralement fait par les industriels positionnés sur ce marché des compléments alimentaires. Selon eux, notre mode de vie moderne ne contribuerait plus aux meilleurs apports nutritionnels et pourrait même augmenter le risque de déficiences, notamment lorsque les besoins physiologiques augmentent comme lors d’une pratique sportive. « Les études montrent par exemple que 80 % des Français affichent un déficit en vitamine D en hiver, explique-t-on chez STC Nutrition, un des leaders de la nutrition sportive. Tout l’intérêt des compléments alimentaires est justement d’enrichir notre alimentation afin de potentialiser les capacités individuelles. »
Mais au fait, que se cache-il exectement derrière le terme de « complément alimentaire » ? Si on suit la définition officielle de l’Agence nationale de Sécurité sanitaire et de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses), il s’agit de « denrées alimentaires dont le but est de compléter le régime alimentaire normal et qui constituent une source concentrée de nutriments ou d’autres substances ayant un effet nutitionnel ou physiologique seuls ou combinés ». Leurs objectif est simple ; atteindre les fameux apports nutritionnels conseillés, ou ANC, en termes de macronutriments (protéines, lipides, glucides) et de micronutriments (vitamines, minéraux et oligoélements).
« Ces ANC sont des normes officielles, des référentiels visant à couvrir les besoins de 97,5 % de la population française, précise le docteur Gilbert Pérès, directeur du diplôme universitaire Nutrition sportif et vice-président de la Société française de nutrition du sport (SFNS). Même si ces besoins sont individuels et sont influencés par de nombreux facteurs (âge, sexe, état physiologique, activité physique…), une alimentation couvrant 7° % de ces ANC suffit largement pour les trois quart de la population. »
Dans le cadre d’une alimentation équilibrée et diversifiée. Les compléments alimentaires ne représenteraient donc que très peu d’intérêt aux yeux du spécialiste.
Qui du sportif ?
Seulement voilà, ces ANC ne sont pas les mêmes que vous ayez une activité physique ou pas, et un athlète a besoin d’une complémentation nutritionnelle particulière, adaptée à ses besoins et à ses objectifs.
Dans son rapport sur l’usage des compléments alimentaires chez le sportif, la SFNS note d’ailleurs que « de nombreux sportif – quel que soit leur niveau – ont des habitudes alimentaires comportant des erreurs préjudiciables à leur performance et à leur santé. Il est démontré que l’insuffisance d’apport énergétique et de certains nutriments peut conduire à une déficience biologique, voire à une carence clinique, et peut avoir des effets délétères ».
Les fabricants rappellent quant à eux que la préparation nutritionnelle fait aujourd’hui partie intégrante de l’entraînement, au même titre que la préparation physique. Une bonne nutrition participe en effet au bon fonctionnement des métabolismes et favorise l’adaptation de l’organisme à l’effort. « Si la prise de produits énergétiques à l’effort est appropriée pour éviter les coups de pompe et est largement adoptée pour les sportifs quels qu’ils soient, poursuivent les experts STC Nutrition, il est aussi important d’accorder une place aux étapes de préparation et de récupération nutritionnelles. »
Avant l’entraînement, à l’effort ou en phase de récup, les compléments alimentaires constitueraient donc selon eux une réponse adaptée. Dans le microcosme du sport d’élite, la pratique est en tout cas habituelle, voire systématique, et les champions ne semblent plus jurer que par eux. À l’instar du nageur Yannick Agnel, consommateur régulier de boissons et de barres énergétiques : « L’alimentation et l’hydratation à l’effort sont primordiales, explique-t-il. Si les barres assurent un apport concentré de nutriments, les boissons permettent une bonne hydratation, indispensable à la production d’énergie. »
De son côté, le perchiste Renaud Lavillenie, champion olympique en titre et recordman du monde, est même devenu l’ambassadeur d’Apurna, la première marque de nutrition sportive activée par Prolacta. Il s’agit d’une protéine issue du lait et riche en leucine, un acide aminé qui permet de reconstruire le muscle et de gommer les micro-lésions liées à l’effort. « J’arrive à un moment déterminant de ma carrière, où je ne dois négliger aucun élément de ma préparation, explique-t-il. Et la nutrition sportive en fait partie. Après l’effort, je constate avec l’apport en protéines Prolacta une réelle amélioration de ma récupération. » Et les responsables de la marque d’ajouter : « On est davantage dans la diététique de l’effort que dans les compléments alimentaires. Ici, les allégations sont prouvées, ce qui n’est pas le cas pour les compléments. » Apurna a même signé un partenariat avec la Fédération française d’athlétisme jusqu’aux JO de RIO, en 2016. Un accord qui doit permettre à l’instance sportive de faire un peu de pédagogie auprès de ses athlètes. « Beaucoup de sportifs vont chercher des compléments alimentaires sur Internet afin d’optimiser leurs performances, seulement on ne peut jamais être sûr de ce qu’ils y trouvent, regrette bernard Amsalem, le président de la FFA. A travers ce partenariat, nous sommes certains de traçabilité et de la maîtrise de la qualité des produits à chaque étape de fabrication. »
Sujet Tabou
On serait donc tenté de croire que ce qui est bon pour eux l’est aussi pour nous. Que nenni ! Le Docteur Gilbert pérès rappelle que c’est justement parce que ces sportifs évoluent toujours à la limite de leurs capacités qu’ils ne peuvent être représentatifs de la population générale. « En fait, ce dont la grande majorité des sportifs a besoin, c’est d’une alimentation saine, équilibrée et diversifiée », insiste-il, tout ceci est expliqué sur http://www.reussirmaigrir.com. D’autant que si les champions jouissent d’une étroite surveillance médicale, ce n’est bien sûr pas le cas de Monsieur Tout-le-Monde. Cette recherche de performance via la prise de compléments alimentaires peut alors représenter, selon le spécialiste, une porte d’entrée vers certaines dérives. « Car c’est une recherche du produit miracle pour améliorer toujours plus ses performances, mais pas de façon naturelle, poursuit-il. Si les résultats ne sont pas satisfaisants, il peut y avoir une escalade et on peut finalement aboutir à une démarche dopante. » Une analyse finalement révélatrice du rapport que l’on entretient en France avec ces compléments alimentaires, qu’ils soient destinés aux sportifs ou non.
Contrairement à ce qui se passe en Amérique du Nord ou dans certains pays européens, il existe en effet dans notre pays une grande méfiance du législateur vis-à-vis de ces produits (créatine, mélatonine…) et des marques qui les fabriquent. Question de culture et de mentalités, paraît-il. La SFNS estime ainsi « qu’une alimentation courante adaptée doit couvrir les besoins des sportifs, promouvoir leur santé, éviter la contre-performance et prévenir les conduites dopantes ». Autrement dit, oubliez tout ce qui n’a rien de naturel…
Les industriels se défendent, eux, de toute démarche obscure : « Les compléments alimentaires ne sont pas des médicaments, ils s’adressent à des personnes saines, avec pour objectif de potentialiser les capacités individuelles et d’anticiper les besoins, explique-t-on chez STC Nutrition.
Autre acteur phare du secteur, Isostar entend également s’inscrire dans une démarche globale de responsabilité via son « Clean Engagement » : respect des règles préconisées par l’AMA (Agence mondiale de lutte antidopage), fabrication des ingrédients et des produits dans des usines garantissant l’absence de substances illicites ou dopantes, produits régulièrement contrôlés et analysés par des laboratoires indépendants…
S’il a été scientifiquement prouvé que les compléments alimentaires sont moins bien assimilés par l’organisme que les micronutriments présents dans l’alimentation naturelle, le Docteur Gilbert Pérès reconnaît néanmoins que certaines marques, notamment françaises, ont une véritable éthique et proposent des produits efficaces pour booster les performances. « Les boissons de l’effort composées d’eau, de sel et d’un mélange de glucides sont les meilleurs produits. Il en est de même des protéines pour développer la masse musculaire. Inutile d’aller chercher plus loin. » Bref, de la simplicité avant tout. Et pas d’excès !
La prise de compléments alimentaires au-delà du nécessaire est au mieux inefficace, au pire dangereuse pour la santé.
Enquête « Compléments alimentaires, une pilule qui passe mal… » de France 5
Pense (pas) bête
Pour être véritablement efficace, la nutrition sportive ne doit pas être prise à la légère. Avant d’ingérer n’importe quoi, suivez ces quelques conseils
- Gardez toujours en tête que tout se passe par l’assiette. Une alimentation saine doit permettre à tout sportif de n’avoir aucun besoin de compléments alimentaires.
- Avant de penser « complémentation », pensez « consultation ». prenez rendez-vous chez un médecin et/ou un nutritionniste pour effectuer un bilan alimentaire complet.
- S’il y a une insuffisance d’apports avérée, corrigez d’abord votre alimentation avant de vous tourner vers des compléments alimentaires.
- Évitez dans la mesure du possible d’acheter sur Internet. L’acquisition de compléments doit se faire en pharmacies et en magasins spécialisés.
- Évitez les circuits non sécurisés et les sièges sociaux hors de France.
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